
Depuis son intronisation à la tête des Lions Indomptables, Marc Brys se retrouve au cœur d’une tourmente politico-sportive qui dépasse largement le cadre du terrain. Sa relation conflictuelle avec Samuel Eto’o, président de la Fédération Camerounaise de Football (FECAFOOT), alimente les tensions et divise l’opinion publique.
Entre choix tactiques discutables, communication perçue comme provocatrice et gestion des hommes sujette à controverse, Brys semble pris dans un tourbillon où les considérations politiques prennent souvent le pas sur le sportif.
Le climat autour de la sélection nationale reste tendu, notamment en raison des relations compliquées entre Marc Brys et la FECAFOOT. Certains estiment que Brys, loin d’apaiser les tensions, a parfois attisé les conflits par des déclarations publiques. D’autres, en revanche, considèrent qu’il est victime d’un environnement hostile qui ne lui permet pas de travailler sereinement.
Sur le terrain, les résultats sont encourageants, bien que perfectibles. Certains joueurs, comme Carlos Baleba, impressionnent par leur technique. De plus, les Lions Indomptables demeurent invaincus depuis l’arrivée de Brys. Si les pessimistes pointent du doigt la faiblesse des équipes adverses, les optimistes gardent toutefois espoir que les Lions indomptables élèveront leur niveau de jeu lorsqu’ils affronteront des adversaires plus coriaces.
Dès sa nomination, Marc Brys s’est retrouvé au centre d’un conflit institutionnel. La FECAFOOT n’a pas été consultée pour sa désignation, une décision prise unilatéralement par le ministère des Sports. Eto’o, dont l’ingérence passée dans les choix du sélectionneur Rigobert Song est connue, n’a jamais digéré cette mise à l’écart. Brys, conscient du sort réservé à son prédécesseur, a dès le départ affiché sa volonté de ne pas être une marionnette, ce qui l’a conduit à adopter une posture ferme, voire rigide, vis-à-vis de la FECAFOOT. Cette attitude, loin de désamorcer les tensions, a contribué à les exacerber.
L’un des reproches majeurs faits à Brys est son ton jugé condescendant et son manque de diplomatie. Par exemple, lorsqu’on lui demande ce qu’il pense des futurs adversaires du Cameroun à la CAN, il répond qu’il “n’a pas peur d’Eto’o”. Il transforme ainsi une question sportive en un règlement de comptes public et nuit, par la même occasion, à l’image de la sélection.
Sur le terrain, les choix de Brys sont également critiqués. A sa décharge, il faut reconnaître que l’absence de matchs amicaux ne lui a pas permis de tester ses idées et de construire progressivement un collectif solide. Chaque rencontre officielle est un match couperet, limitant sa marge de manœuvre pour innover et imposer sa vision du jeu. Dans ce contexte, il fait confiance aux joueurs qui lui ont offert une victoire éclatante (4-1) face au Cap-Vert lors de sa première sortie. Mais cette logique présente des limites.
D’un point de vue tactique, plusieurs choix de Brys sont remis en question :
• L’absence remarquée d’un cadre comme Jean-Charles Castelleto laisse perplexe.
• La titularisation du vétéran Michael Ngadeu au détriment du jeune Enzo Boyomo alimente également les débats.
• La convocation de Collins Fai, qui a été sans club pendant de nombreux mois, a la place de jeunes talents évoluant dans des championnats majeurs tels que Junior Tchamadeu ou Enzo Tchato, suscite l’incompréhension.
• L’absence de Georges-Kevin Nkoudou, un élément offensif clé, reste également une énigme pour de nombreux supporters.
De plus, les décisions de Marc Brys en cours de match sont sujettes à débat. Le repositionnement d’Olivier Ntcham sur l’aile ou l’entrée de Guy-Marcelin Kilama au poste de latéral gauche sont jugés incohérents. Au lieu de convoquer des spécialistes comme Darlin Yongwa ou Mahamadou Nagida, Brys préfère bricoler avec des défenseurs centraux. Son inflexibilité dans sa gestion du temps de jeu est également à pointer du doigt. Un joueur comme Vincent Aboubakar est rarement remplacé même lorsqu’il montre des signes de fatigue.
Certains observateurs y voient une volonté tacite de favoriser les joueurs en conflit avec Eto’o, tels qu’André Onana ou Martin Hongla, renforçant l’idée d’un affrontement politique dissimulé derrière des choix sportifs.
La situation actuelle des Lions Indomptables révèle les dérives d’un football camerounais gangrené par les luttes d’influence et les querelles d’ego. Marc Brys n’est plus seulement un entraîneur : il est également un pion du ministère des Sports dans son affrontement contre Eto’o et la FECAFOOT.
Le véritable enjeu devrait pourtant être la performance des Lions Indomptables et la qualification pour la Coupe du monde 2026. Actuellement deuxièmes de leur groupe, les Camerounais peuvent espérer une neuvième participation historique, un record en Afrique. Mais tant que les tensions institutionnelles persisteront, le potentiel de cette équipe risque de rester bridé.
Marc Brys est-il le sélectionneur qu’il faut pour le Cameroun? Son indépendance et sa volonté d’imposer son autorité sont des qualités précieuses dans un contexte aussi complexe. Mais son manque de diplomatie, ses choix tactiques contestés et son incapacité à désamorcer les tensions lui jouent un mauvais tour.
Aujourd’hui, l’équipe nationale semble plus que jamais otage d’un bras de fer qui dépasse les questions sportives. Pour que les Lions Indomptables rugissent à nouveau sur la scène internationale, il devient urgent que les acteurs du football camerounais dépassent les querelles de pouvoir et placent enfin l’intérêt sportif au-dessus des considérations politiques.
Hopiho