Comment améliorer le Cameroun? Cette question me taraude sans cesse. Le Cameroun, comme la plupart des pays africains a énormément de potentiel, mais malheureusement, ses ressources sont peu ou  mal exploitées. On ne peut s’empêcher d’avoir un sentiment de dépit lorsqu’on voit tout ce gâchis.

Comment améliorer le Cameroun? Un de mes cousins pense qu’il faut fermer les bars et les églises car ces deux institutions endorment le peuple. Je ne partage pas cet avis. Je pense que la prolifération des églises et des bars est une conséquence de la crise économique qui sévit depuis plusieurs décennies. Etant donné que le Camerounais moyen peine à joindre les deux bouts, il est donc obligé de se réfugier dans la boisson et/ou la prière pour composer avec un quotidien  qui est assez morose.

Je pense que pour régler un problème, il est important de s’attaquer aux causes et non aux conséquences. Selon mes observations, la source des problèmes au Cameroun, c’est le un taux de chômage qui est beaucoup trop élevé. L’oisiveté étant mère de tous les vices, il est important de trouver un remède à cette gangrène le plus rapidement possible avant qu’elle engendre des conséquences irréparables.

Au mois de novembre, j’ai passé une dizaine de jours au Cameroun. Lors de ce séjour, qui m’a fait énormément de bien, j’ai échangé avec de nombreux Camerounais. Ces échanges très instructifs m’ont permis de tirer quelques conclusions. Tout d’abord, le Cameroun, tout comme la plupart des pays africains, n’est pas en mauvaise posture: un bon leader peut régler tous les problèmes qui minent l’Afrique en deux quinquennats. Ensuite, j’estime que le salut du Cameroun passera par l’autonomisation de la jeunesse et une plus grande implication sociale dans la vie démocratique.  Evidemment, je suis conscient que ces deux solutions  ne vont pas régler tous les problèmes, mais si elles sont mises en œuvre, ce serait un bon début…

Donner la chance aux jeunes

Alors qu’il y a quelques années, la musique étrangère était omniprésente sur les ondes camerounaises, j’ai pu constater lors de mon voyage que les choses ont changé et on assiste désormais à l’avènement de la musique camerounaise. J’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont dit qu’elles écoutent seulement les artistes locaux.

Si la musique camerounaise a trouvé un second souffle, c’est surtout grâce à la nouvelle génération. Au lieu d’être attentistes, les jeunes artistes camerounais ont décidé de prendre leur destin en main: ils ont amélioré la qualité de leur musique et de leurs clips et aujourd’hui, on constate qu’il y a un véritable engouement autour de la musique locale.

Cela me fait vraiment plaisir de constater que c’est la jeunesse qui est au cœur du renouveau de la musique camerounaise. En effet, les labels tels que New Bell Music, Alpha Better Records ou Big Dreams Entertainment sont dirigés par des jeunes et grâce à leur travail acharné, ils ont réussi à conquérir le public camerounais.

Les paragraphes précédents n’ont pas été rédigés pour faire l’apologie de la musique camerounaise, je les ai écrits pour souligner le dynamisme de la jeunesse camerounaise. Au Cameroun, les jeunes sont brillants, instruits et débordent de créativité. Ils ont juste besoin  qu’on leur donne des opportunités pour qu’ils expriment tous ces talents qui sommeillent en eux. Malheureusement, trouver du travail au Cameroun est une tâche ardue. Lors de mon voyage, j’ai rencontré plusieurs personnes qui éprouvent toutes les peines du monde pour obtenir des stages NON rémunérés.

Ceux qui ont la chance d’avoir un boulot travaillent souvent dans des conditions épouvantables. Les employeurs n’hésitent pas à faire leur faire comprendre qu’ils sont interchangeables et les font travailler comme des bêtes de somme.

Une des choses qui saute aux yeux au Cameroun, c’est que les jeunes chôment, tandis que les vieux travaillent. Le drame, c’est que les anciennes générations n’ont plus les habiletés requises pour diriger le pays. Les compétences qu’elles ont acquises dans les années ’70 sont désormais désuètes.

La gestion de la crise anglophone est l’exemple qui illustre le mieux l’incompétence de nos vieux dirigeants. Parce qu’ils pensent que les réseaux sociaux sont l’incarnation du diable, ils ont privé les provinces anglophones d’internet pendant une centaine de jours.

Au départ, les anglophones voulaient un peu plus d’égalité. Lorsque l’Etat a décidé de les réprimer, le ton a changé et des discours sécessionnistes ont commencé à se faire entendre. Un conflit, qui aurait pu être réglé à l’amiable, a dégénéré car les dirigeants ont mis de l’huile sur le feu au lieu de privilégier la voie du dialogue. Si on veut que le Cameroun prospère, il faut donc que les vieux aillent se reposer et laissent la place aux jeunes. C’est important!

Implication citoyenne

Paul Biya règne sur le Cameroun depuis 35 ans. Etant donné que les élections présidentielles auront lieu cette année, je m’attendais à voir la population se mettre en branle afin de le faire déguerpir. Malheureusement,  ce que j’ai vu, ce sont des gens désabusés qui s’intéressent très peu à la politique camerounaise.

Lors de mon séjour au Cameroun, j’ai rencontré de nombreuses personnes qui sont désenchantées. Elles n’ont pas l’intention de voter, ne connaissent pas les candidats qui vont se présenter aux élections et n’ont pas pris la peine de s’inscrire sur les listes électorales. J’ai constaté avec regret que le fatalisme s’est abattu sur une partie de la population camerounaise. Convaincu que les choses ne vont pas changer, de nombreux Camerounais ont démissionné. «Mon vote va changer quoi?», disent-ils.

Ce genre d’attitude défaitiste nous dessert énormément. Je comprends que de nombreux Camerounais ont enchainé les désillusions au cours des dernières décennies, mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras. Je concède que c’est facile de se décourager lorsqu’on ne voit pas de progrès, mais il ne faut surtout pas abandonner.

Pour arrêter se subir, il faut cesser d’être un spectateur et se muer en acteur. Etant donné que les élites vont tout faire pour maintenir le statu quo et leurs privilèges, il est important de se mobiliser afin de faire changer les choses le plus rapidement possible. Trop, c’est trop. Nous ne pouvons plus nous complaire dans la médiocrité. Améliorer le Cameroun est un travail de longue haleine. Améliorer le Cameroun est un combat perpétuel. Améliorons le Cameroun en 2018!

Bonne année!